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Les malades psychiques sont-ils des possédés ?

23.04.2004 Thème : Maladie, souffrance et santé Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Charles BichetJean-Charles Bichet
ou comme
une possession de démons? Quel espoir pour un homme dans cette situation? C'est
bien triste de voir un mari et père de deux petits enfants incapable de travailler
depuis des mois, à la charge de sa femme...
Cela nous interpelle au niveau de notre foi: sombrer dans la "folie" en cherchant
Dieu!
Chère Pastel,

J'aimerais commencer par vous exprimer ma sympathie pour votre ami qui est atteint
dans sa santé.
Comme je rencontre souvent des gens qui ont des problèmes de toutes sortes (qui
peut d'ailleurs se vanter de ne pas en avoir ?), il y a une chose dont je suis
sûr, c'est que les malades psychiques, on ne peut pas tous les mettre dans le
même panier. Vous nous dites d'ailleurs que vous ne connaissez pas le diagnostic
exact de la maladie de votre ami.

Les progrès de la médecine, de la psychiatrie notamment, nous ont appris à faire
la part des choses : les cas de possession démoniaque sont rares et ne représentent
qu'un pourcentage très faible des maladies psychiques. Pour citer un exemple
: les prêtres exorcistes, si je ne me trompe pas, sont avant tout des personnes qui
ont suivi une solide formation en psychologie, qui leur permet de soulager la
souffrance des autres. Il est rare qu'ils aient à lutter contre des esprits
mauvais (ça arrive, oui, mais ce n'est pas la règle.)

C'est pourquoi je regrette l'attitude de cette personne qui juge votre ami possédé
et son Église impuissante à le délivrer. Pour moi, cela représente un jugement
porté sur la personne de votre ami, et je trouve cela grave. Je préfère dire
que nous nous trouvons désorientés, désemparés devant la souffrance de votre ami.
Je connais des psychiatres qui ont aussi l'honnêteté de reconnaître leurs limites
face à la souffrance de tel ou tel patient.

Que faire alors pour votre ami ? Je pense qu'il faut faire confiance aux médecins
qui cherchent sûrement à soulager ses souffrances. Ils doivent déjà essayer
de comprendre ce qui se passe chez lui, pourquoi il se comporte ainsi, quel
genre de traumatisme il a bien pu avoir reçu à un moment donné de sa vie, etc.
Je pense qu'il est important de soutenir moralement les médecins qui essaient
de le soigner, avec les moyens dont ils disposent, et d'accompagner l'épouse
et les enfants de votre ami. C'est aussi pour nous tous une leçon d'humilité
et de modestie. Mais je crois qu'une attitude humble face à la souffrance des
gens nous permet de mieux la sentir, de la partager avec eux, de les accompagner
vraiment.

Je forme mes voeux les meilleurs pour le rétablissement de votre ami, en sachant
que cela pourra prendre des années. Merci aussi de ce que vous faites pour lui
et pour sa famille.
Bien amicalement.



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