Qu'est-ce que le péché originel ?

L'expression malencontreuse de "péché originel" ne se trouve pas dans la Bible.
Mais l'idée y est. L'apôtre Paul affirme en particulier en Romains 5,12 que
"par un seul homme le péché est entré dans le monde". Puis il précise: "d'ailleurs
tous ont péché". Paul qui était juif pharisien a probablement colporté dans le christianisme
cette idée de la théologie juive selon laquelle tous ont péché en Adam. Ce qu'il
faut bien saisir, c'est que l'on ne veut pas faire ainsi une théorie sur la
transmission génétique du péché, mais affirmer que, d'expérience, tous les hommes sont
pécheurs. En effet, la personne qui se dirait sans péché serait en train de
manifester son péché qui consiste à se croire autonome par rapport à Dieu, capable
de mener seul et convenablement sa vie... ! Outre l'universalité du péché, ce que l'on affirme
avec la doctrine du péché originel, c'est que nous péchons tous comme Adam a
péché. Notre péché n'est pas moindre, ni plus grand: il est tout aussi radical
dans la mesure où il consiste à vouloir être comme Dieu, à avoir la prétention
de remplacer Dieu, à prétendre pouvoir se passer de Dieu... (Genèse 3,5).

Dès lors, si vous voulez, nous ne naissons effectivement ni bon ni mauvais.
Mais nous devons bien constater que nous ne pouvons pas faire autrement que
de sombrer dans ce travers qui cause tant de maux dans la vie du monde et qui
consiste à ne pas accepter que nous soyons des créatures dépendantes de Dieu. Nous
pouvons bien dans une certaine mesure décider de nos actes, mais devons aussi
constater que nous choisissons toujours d'en faire naturellement à notre tête
et donc de pécher.

Encore une précision: contrairement à ce que laisse entendre votre dernière
phrase, nos actes ne sont pas identifiables au péché. Le péché concerne quelque
chose de plus profond en nous: le coeur, la volonté. Mais lorsque le coeur de
l'arbre est mauvais, les fruits sont mauvais (Mt 7,17). Nos oeuvres sont les
fruits du péché radical (qui nous caractérise à la racine) et je propose de
les qualifier de "maux" pour les distinguer du "péché".