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Des affinités entre Thérèse de Lisieux et Luther?

17.05.2006 Thème : Spiritualité et prière Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz
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Chère Tati Marilou,

Votre question n'est pas banale et n'est pas très simple à répondre tant il
semble y avoir un abîme entre les personnalités de Luther et de Thérèse de Lisieux.
A priori donc, peu de points communs entre ce moine impétueux qui se lève contre
Rome pour défendre la "justification par la foi seule" et qui va être, contre son
gré, fondateur d'une Eglise dissidente...et la Carmélite malade qui préconise
l'esprit d'enfance et qui mourra si jeune....
Et pourtant... Qui a dit cette phrase fondamentale? "Il suffit de reconnaître
son néant et de s'abandonner comme un enfant entre les mains de Dieu"...On pourrait
y reconnaître l'essence de la foi luthérienne : le néant de l'homme (et de ses
oeuvres), la foi (confiance) qui nous permet d'accueillir la grâce divine...Et
pourtant, c'est bien Thérèse de Lisieux qui écrit cela à une correspondante.
Il me semble que les deux ont en commun aussi la vision d'un Dieu pauvre et
vulnérable, d'un Dieu d'amour (évidemment cela se traduit en termes plus théologique
chez Luther et plus affectif chez Thérèse)... Que dire de plus? Je n'entre pas
en matière sur la réussite de l'un ou de l'autre, car je ne comprends pas ce
terme en spiritualité! Je ne pense pas que Thérèse aurait pensé sa vie en termes
de réussite, plutôt de combat pour préserver l'amour...Et je l'imagine qu'elle
doit sourire en se voyant proclamer "docteur de l'Eglise".... Mais peut-être
que vous, vous discernez d'autres affinités entre Luther et Thérèse?
Mon seul souhait serait que les protestants se mettent à lire Thérèse de Lisieux
qu'on a tendance à mépriser injustement....et que les catholiques lisent aussi
sans a priori Luther, car ils y découvriront aussi de très grandes richesses
spirituelles.



Commentaires

  • florence09.03.2011
    J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les deux livres de Jean-François Six : "La véritable enfance de Thérèse de Lisieux", et "Thérèse de Lisieux au Carmel". Vous dites : "qu'on a tendance à mépriser injustement" Thérèse. Je pense qu'on est en partie revenu de cette opinion. Sa proclamation en tant que Docteur de l'Eglise y a sûrement contribué, mais pas uniquement. A y bien réfléchir il fallait qu'elle soit remarquablement intelligente cette petite, qui n'était pas allée à l'école très longtemps, étant entrée au couvent à 15 ans, pour avoir trouvé elle-même, car ce n'était pas du tout ce qu'on enseignait à l'époque, en substance que face à un Dieu d'amour la bonne réponse était la confiance et non la peur, et pour l'avoir si bien exprimé, rejoignant ainsi un théologien et un penseur comme Luther. Il fallait aussi qu'elle ait une personnalité beaucoup plus forte que celle qu'on lui attribuait. Mais la piété populaire en a fait un personnage à l'eau de rose, confortée en cela par un style d'écriture parfois à l'eau de rose lui aussi, qui était le fruit de son milieu et de son époque, on ne peut vraiment pas lui en vouloir. Cependant une chose retient mon attention. Ce n'est pas une critique, seulement une réflexion. On a toujours dit aux chrétiens que quand ils avaient la chance, comme c'était son cas, de vivre dans l'aisance, ils devaient se préoccuper de ceux qui étaient moins favorisés. Or il semble que chez elle les considérations sociales brillaient assez par leur absence. Il apparaît que c'était une mystique, point final, et que le reste "ce n'était pas son truc", comme on dit en France. Une fois qu'elle participait à un repas en commun servi par des serveuses, elle s'était quand même avisée qu'il était plus agréable d'être servie que de servir. La seule réflexion qu'elle en ait tirée fut qu'au ciel elles seraient dédommagées ! Il faut dire que les filles Martin vivaient dans un milieu tellement surprotégé à tous égards ...