Comment comprendre que certaines Eglises nient l'existence du diable ?

semble que certains courants protestants déclarent que le diable n'existe
pas.
Comment peut-on expliquer cette évolution alors que Jésus lui-même croyait à
l'existence du diable et aux démons.
Comment expliquer alors que des personnes qui ont invoqué le diable ont été
traversées de forces violentes, destructrices et suicidaires?
Comment comprendre cette différence énorme entre le monde (ou culture) européen
qui connaît peu la sorcellerie et le monde africain où des phénomènes absolument
incroyables se produisent régulièrement (vaudou, ensorcellement, envoûtement,
magie, maléfice etc...). Comment comprendre que des grandes églises (officielles
et principalement protestantes) ici en Europe ont tendance à nier ou à mettre
en doute cette puissance destructrice?
Merci par avance de votre lumière.
Peut-être faut-il commencer par préciser ce qu'on entend par "mettre en doute"
l'existence du diable - et par diable tout court, d'ailleurs. Personnellement,
je fais partie de ceux qui mettent en doute l'existence d'un diable qui serait
une puissance céleste, un peu comme Dieu, mais néfaste. Pour moi, il ne s'agit pas,
lorsque l'on parle du diable, d'un monde invisible qui serait partagé entre
deux personnages, le diable à la tête des forces du mal, et Dieu, maître des
forces du bien. Dire que je ne crois pas en ce diable-là, pour moi, n'est pas nier
l'existence de ce que Jésus appelait le diable. Je m'explique :

Dans la Bible, le diable, c'est d'abord le "satan", un mot hébreu qui signifie
"adversaire" - un adversaire en guerre contre Israël, par exemple, donc un adversaire
purement humain, qui n'a rien à voir avec une quelconque force de l'au-delà.
Ensuite, ce mot a commencé à servir pour désigner l'adversaire suprême de l'être
humain, à savoir le Mal.

Dans le Nouveau Testament, on l'a traduit par le mot grec "diabolos", qui désigne
la personnification du mal. Le diable, pour Jésus, c'est donc le Mal par excellence,
c'est ce Mal qui s'ouvre à nos pieds comme un abîme sans fond, terrifiant et
à l'oeuvre sans cesse contre nous. Pour ma part, c'est ce mal-là qui m'"intéresse"
le plus : c'est ce Mal qui est tout proche de nous, qui nous guette dans chacun
de nos actes, qui nous heurte tous les jours; les manifestations surnaturelles,
qui existent, j'en conviens, ne sont pour moi que des "feux de paille" par rapport
à ce Mal qui nous ronge au quotidien. Ce Mal, ce n'est pas une personne, qui
se partagerait l'univers avec Dieu. C'est plutôt quelque chose qui restera toujours
mystérieux, mais que nous sommes obligés d'accepter comme faisant partie de nos
vies.

Que certaines manifestations surnaturelles puissent donner lieu à des croyances
en un être maléfique qu'on appelle diable, c'est très possible. Mais pour moi,
la seule foi que nous pouvons avoir, comme chrétiens, c'est celle que nous pouvons
placer en Dieu, en un Dieu qui se dresse toujours contre le Mal, qui veut que nous
nous levions, à la suite de Jésus et de tant d'autres, pour lutter contre le
Mal, par la seule force de notre amour et de notre humilité.