Quelle réflexion avoir sur l'islam?

Dans pas mal de milieux évangéliques, on a tranché dans le vif du sujet: l'islam
est une religion contraire au christianisme, et tout ce que nous pouvons faire
pour les musulmans, c'est prier pour qu'ils se convertissent. Le débat est un
peu obscurci par le fait qu'en Amérique, on ne sait pas si c'est la politique
qui guide les positions de certains milieux évangéliques sur la question, ou
bien si c'est la position de certains milieux évangéliques sur la question qui
guide la politique. Mais peut-on faire l'économie aujourd'hui d'une réflexion qui
évaliue sans tabous la question de savoir si, oui ou non, l'islam est une religion
contraire aux valeurs des chrétiens?
Merci
Merci.
Peut-on faire cette évaluation? Elle impliquerait une objectivité, une extériorité
à la question qui ne me paraissent pas possible, même pas pour un athée! A cause
de l'a priori religieux ou philosophique que chacun a nécessairement. Et à cause
des réactions fortes que suscitent le terrorisme. En ce sens, je crois que chez les
Américains, il est clair que la politique est subordonnée à la vision religieuse.
Pire: les milieux religieux cautionnent la politique de l'un des leurs sans
réflexion critique sur ladite politique.
On peut évaluer toute religion à l'aune de quelques questions: est-elle épanouissante?
répond-elle à des critères de transparence financière? ses références théologiques
sont-elles publiques? y a-t-il des discriminations? etc.
Mais il ne faut pas réduire une religion à ses plus négatives composantes. Ce
serait pour le christianisme le réduire à ses versions fondamentalistes les
plus étroites. Notre religion est plus large et vaut mieux que cela! De même
l'islam!
Je crois que les religions se doivent de dialoguer pour se comprendre et s'enrichir,
se féconder mutuellement. Je rappelle qu'il y a un siècle à peu près, rares
étaient les personnes qui pensaient qu'un rapprochement entre les chrétiens
des trois grandes confessions (orthodoxes, catholiques et protestants) était
possible et souhaitable. On pensait volontiers que cela n'amènerait rien, et
bien plus que cela était exclu par notre fidélité à Dieu: chacun étant bien
entendu persuadé d'être celui qui était fidèle à l'exclusion des autres! Le dialogue
oecuménique a eu lieu et il continue. Il nous a permis de nous comprendre et
de nous rapprocher. Il nous aide aussi à comprendre pourquoi nous ne sommes
pas une seule Eglise, mais que la richesse du christianisme est dans sa diversité. Que nos
identités sont différentes et complémentaires.
Le dialogue interreligieux ne part pas sur les mêmes prémices: il ne s'git opas
de dialogue etre personnes d'une même religion. Mais je suis convaincu qu'il
nous aidera à nous comprendre (car je ne peux pas comprendre l'autre s'il ne
m'explique pas ce qu'il croit et vit) et nous apportera une clarté dans nos identités
diverses ainsi qu'un sens de la fraternité et de la communion que nous n'imaginons
guère. Pour cela, il faut mettre nos préjugés au rencart et accepter de se parler
même si c'est un effort immense pour simplement comprendre le langage des autres.