Quel est le sens de la transfiguration de Jésus ?

Chère Madame,

La réponse que j'aimerais donner à votre question se limitera à l'évangile de
Marc, dont le récit de la transfiguration de Jésus se trouve aux versets 2-10
du chapitre 9.

Ce récit se trouve au milieu de l'évangile. Après avoir prêché la venue du Royaume
de Dieu et opéré plusieurs guérisons, Jésus donne à son enseignement un accent
nouveau, une orientation précise. Cette évolution de l'enseignement de Jésus
provoque chez ses disciples une certaine inquiétude. Il vient de leur dire, au
chapitre précédent:
 Il faut que le Fils de l?homme souffre beaucoup.
 Les anciens, les chefs des prêtres et les maîtres de la loi ne voudront pas
de Lui.
 Ils le feront mourir.
 Et trois jours après, Il se relèvera de la mort. Ÿ (Marc 8,31.)

Les disciples comprennent parfaitement ce qu'il leur dit. Comme l'écrit Marc
:  Jésus leur dit cela très clairement. Ÿ (Marc 8,32.)

Quittant la Galilée, Jésus est maintenant en chemin vers Jérusalem.
Il marche courageusement à la Croix, et ses disciples le suivent.
Ils ne se sentent pas très bien ; ils ont des doutes ; ils se posent des questions
; ils ont peur. Ils aimeraient pouvoir comprendre ce qui se passe chez leur
maître.
Mais voici que quelque chose d'extraordinaire se produit.
Sur une haute montagne, Pierre, Jacques et Jean sont éblouis par la lumière
de Jésus, une lumière aveuglante qui signale la présence de Dieu lui-même.
En faisant un effort, les trois amis perçoivent avec difficulté la figure d'Élie,
puis celle de Moïse. C'est une découverte pour eux : Jésus est vraiment Celui
que la Loi et les prophètes de l'Ancien Testament avaient annoncé, la Loi étant
symbolisée par Moïse avec son visage rayonnant et les prophètes par Élie avec
son manteau rouge feu.
Devant une si grande lumière, Pierre, Jacques et Jean sont partagés entre le
bonheur et la peur : Mais qui est donc cet homme, Jésus de Nazareth ? Peut-être
se disent-ils entre eux :
 Avec Lui, nous nous sentons vraiment heureux.
 C'est Lui, Jésus, notre plus grande joie.
 Mais, en même temps, il nous fait trembler de respect, car nous sentons en
Lui la présence de Dieu Ÿ.
Pierre est tellement heureux de cette vision, si bouleversé par cette expérience
qu'il a envie de parler, de dire n'importe quoi. Il interrompt même la conversation
entre Jésus, Moïse et Élie, pour leur proposer de camper sous la tente.
C'était tellement beau : les disciples voulaient rester là pour toujours. Mais
Jésus a refusé de jouer les prolongations !
Il n'avait sûrement pas envie de faire du camping, tout préoccupé qu'il était
par sa marche à la Croix.

Pierre, Jacques et Jean ne pensaient qu'à leur bonheur. Ils ont vite oublié
l'enseignement de leur maître :
 Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup,
 Ils le feront mourir. Ÿ

Dans la suite de l'évangile de Marc, Jésus devra leur expliquer patiemment,
deux fois encore, qu'il va être tué, mais que trois jours après, il sera de
nouveau vivant.
Il ajoutera même :
 Le Fils de l'homme est venu pour servir et donner Sa vie pour libérer un grand
nombre de gens. Ÿ (Marc 10,45.)

Mais ses amis n'arrivent pas à faire le lien, à trouver la correspondance entre
la lumière aveuglante de Jésus et sa mort prochaine sur la croix.
Ils ne voient pas le rapport fondamental entre la lumière de Jésus et sa mort
sur la croix. Pour eux, c'est du chinois.
C'est pourquoi Dieu est intervenu de vive voix pour révéler aux trois disciples
:
 Celui-ci est Mon Fils très aimé.
 Écoutez-le ! Ÿ
Tout ce qu'Il vous dit est vrai. Il vous invite à marcher à Sa suite, alors
suivez-le jusqu'au bout.

C'est très précisément parce qu'il marchait à la croix que notre Seigneur a
brillé de toute sa lumière. Nous tous qui sommes ses disciples aujourd'hui,
nous sommes invités à nous engager dans ce même chemin et à y rester, coûte
que coûte, en l'adorant, en l'aimant, en l'écoutant avec respect et, surtout,
en essayant de mettre son enseignement en pratique.

Marcher à la suite de Jésus, cela veut dire : nous montrer solidaires de Lui
quand les autres se moquent de nous à cause de Lui ; c'est travailler pour Lui,
nous réjouir pour Lui, supporter nos souffrances pour Lui, consacrer notre vie
à Son service, devenir responsables de Sa communauté.

Si nous voulons entrer dans la lumière de Jésus, si l'envie nous prend de vivre
en profondeur la même expérience que Pierre, Jacques et Jean, il faut nous mettre
en route, à la suite de Jésus.

L'événement de Pâques, la résurrection de Jésus, est un signe que Dieu adresse
à notre foi.
En ressuscitant son Fils ce dimanche-là, Dieu nous dit :
 Le chemin que Mon Fils a pris, celui de la Croix, c'était, c'est et ce sera
le bon chemin, pour toujours et à jamais. Ÿ
 Mon Fils très aimé, écoutez-le ! Ÿ

Jean lui-même écrira beaucoup plus tard (c'est la preuve que Marc ne s'y est
pas trompé !) :
 Si quelqu'un dit : Je reste uni à Dieu, il faut qu'il marche lui-même sur
le chemin où Lui, Jésus, a marché. Ÿ(1ère lettre de Jean 2,6.)

Jésus nous montre le chemin, celui d'un amour qui se donne totalement, comme
l'écrit encore Jean :
 Si quelqu'un donne sa vie pour ses amis, c'est la plus grande preuve d'amour.
Ÿ (Jean 15,13.)

Nous pouvons donner notre vie chaque jour, avec simplicité, dans notre vie familiale,
dans notre travail, dans notre vie en société, avec nos gestes et nos paroles
d'amour et de paix, dans les petits services que nous rendons, et aussi dans
l'aide que chacun de nous peut apporter à l'Église, qui en a bien besoin.

C'est avec confiance que nous pouvons dire à notre Seigneur :
 Ô Jésus, donne-nous de pouvoir, nous aussi, te contempler dans Ta gloire.
 Que les souffrances du monde et la faiblesse de Ton Église ne nous fassent
pas perdre courage, mais que Ton amour soit notre force, notre joie, notre bonheur
aujourd'hui.Et pour toujours. Ÿ

Bien amicalement.