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Thomas d'Aquin, son contexte et son originalité

12.04.2005 Thème : Théologie et Philosophie Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Denis KraegeJean-Denis Kraege

bonjour!
Je sais bien que ce n'est pas un site catolique, mais peut-être pouvez-vous
me répondre.
Dans quel contexte théologique Thomas d'Aquin a-t-il écrit la somme théologique?
qu'a-t-il apporté de nouveau avec?

Merci!
La nouvelle donne, c'est la reconquête de l'Espagne entre 1031 et 1260 par les
comtes chrétiens de Castille et d'Aragon ainsi que par le roi des Asturies.
L'Occident chrétien entre alors en contact avec la science et la philosophie
arabes qui sont directement inspirées par Aristote. Une nouveauté en Occident - suite
à l'occultation de la philosophie aristotélicienne, pour faire court, par le
platonisme - c'est la redécouverte des sciences distinctes de la théologie et
de la philosophie métaphysique et distinctes entre elles dans leurs domaines et
leurs méthodes comme l'astronomie, la médecine et les mathématiques. Chaque
domaine du réel doit être saisi dans sa spécificité. Le lien entre ces divers
domaines est assuré par la métaphysique. Les arabes ont repris là-dessus Aristote
pour développer une foi au Dieu créateur inscrite dans une histoire de la révélation.
Ou plus exactement une révélation inscrite dans une conception philosophique
de Dieu en tant que créateur! Les penseurs juifs qui peuvent, jusqu'en 1145, vivre
ouvertement dans la péninsule ibérique reprennent ce type de préoccupation pour
une théologie de création. Le christianisme suivra en tentant de développer,
sur la base d'une théologie naturelle, le cadre métaphysique dans lequel viendra co
mme naturellement se couler la révélation de Dieu en Jésus. En d'autres termes,
on définit grâce à la raison qui est le Dieu qui s'est donné à connaître en
Jésus de Nazareth. La réception d'Aristote ne se fit toutefois pas facilement.
On accepta d'abord dans les écoles liées aux cathédrales que certains aspects de sa
logique. On interdisait l'enseignement de la métaphysique par crainte du panthéisme.
Il faudra attendre la deuxième partie du XIIIe siècle et le dominicain Thomas
d'Aquin pour qu'une oeuvre intégrant pleinement la métaphysique aristotélicienne
puisse voir le jour. Et encore ce n'est qu'après le concile de Trente (XVIe
siècle) que Thomas devint un penseur officiel de l'Eglise.
Pour montrer dans les grandes lignes comment l'enseignement de Thomas d'Aquin
diffère de la grande tradition augustinienne du Moyen Âge, on peut dire que
la théologie, suite à Augustin, était présentée en fonction des trois vertus
théologales que sont la foi (ce qu'il convient de croire: le salut), l'espérance
(les choses dernières) et l'amour (l'éthique). La somme théologique de Thomas
est aussi en trois parties, mais avec un agencement complètement différent .
Une première partie aborde la doctrine de Dieu et de la création. Une deuxième
traite de la doctrine de l'homme (divisée en deux: d'abord l'anthropologie et
la doctrine du péché et de la grâce; ensuite l'éthique: la doctrine des vertus,
l'éthique individuelle et sociale). La troisième partie (inachevée) s'occupe de la
doctrine du salut (christologie, ecclésiologie, sacrements, choses dernières).



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