La foi perdante face à la raison ?

Vous semblez regretter une époque où la raison humaine ne voulait pas percer
tous les mystères. Je ne pense pas qu'il faille avoir de pareils regrets. La
raison comme la foi sont, en effet, des dons de Dieu. Il ne s'agit donc absolument
pas de mépriser la raison. Il convient au contraire de l'utiliser pour, par exemple,
chercher à faire la différence entre ce qui est réellement objet de foi et ce
qui est de l'ordre de la superstition. Il s'agit aussi d'en faire usage pour
bien comprendre ce que Dieu a voulu nous dire au travers de la Bible. Il convient
encore d'en user pour faire la différence entre les manifestations de l'Esprit
et les produits du psychisme humain, etc.

Les problèmes, avec la raison, surgissent quand elle n'est plus articulée avec
la foi, mais se veut autonome. Alors l'usage que l'on en fait est désastreux.
La raison se croit tout permis. Elle se croit en particulier autorisée à dire
des choses sur des domaines qu'elle ne maîtrise absolument pas. Tel est le cas
lorsqu'elle veut prouver que Dieu existe ou qu'il n'existe pas. Tel est aussi
le cas lorsqu'elle imagine qu'elle peut gérer le monde en se passant de toute
référence à une loi transcendante (donnée par Dieu). C'est encore le cas lorsqu'elle
se croit le droit de critiquer la Bible parce qu'en son sein certains textes
ne correspondent pas à ce qu'elle met en évidence dans le monde. Elle devrait
au contraire mettre tous ses moyens pour interpréter dans un autre langage ces
textes qui ne sont plus immédiatement compréhensibles. Ce n'est donc jamais
la raison qui est mauvaise, mais l'usage que nous en faisons.

Il n'est donc, à mon sens, pas plus difficile d'être chrétien à une époque où
la raison fait bien son travail. Le devoir des chrétien est de rappeler à l'ordre
ceux qui font un mauvais usage de leur intelligence.