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Le devoir filial est-il inconditionnel?
merci
Difficile de répondre à votre question d'une manière générale, d'autant plus
qu'elle laisse supposer une difficulté ou des blessures rendant difficile d'adhérer
à une telle exigence "inconditionnelle".
Il est vrai que dans les 10 Paroles remises au peuple des Hébreux dans sa marche
de libération, il est dit "Honore ton père et ta mère..." (Exode 20.18) et le
texte précise "... afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Eternel,
ton Dieu te donne." Comme si le fait de pouvoir vivre une relation apaisée avec
ses parents apportait une qualité de vie essentielle.
Seulement voilà, tout dans la vie n'est pas si simple et pour que les enfants
puissent avoir cette qualité de relation avec leurs parents, il doit exister
une certaine réciprocité. C'est pourquoi l'apôtre Paul en commentant ce commandement
dans sa lettre aux Ephésiens (6.1-4) invite les parents à ne pas "irriter" leurs
enfants, mais à les éduquer en s'inspirant des enseignements d'amour du Seigneur.
"Honorer", c'est reconnaître que mes parents me précèdent, qu'ils s'inscrivent
dans la chaîne de la transmission de la vie, que je ne suis pas ma propre origine.
Aucun parent n'est parfait et pour parvenir à l'âge adulte à la fois à quitter
et à reconnaître ses parents pour ce qu'ils sont, cela demande de faire le deuil de parents
idéaux. Comme les parents doivent aussi renoncer à l'enfant idéal. C'est ce
qui peut permettre une reconnaissance - plutôt qu'un devoir - filiale ou parentale.
Et lorsqu'il y a eu des blessures trop profondes, il faut alors pouvoir prendre
le temps de se reconstruire soi-même, avec le soutien de thérapeutes si nécessaire,
afin de trouver comment recréer un lien de filiation et vivre pour soi une guérison
de ce qui a pu l'altérer.