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Faut-il se contenter d'une lecture chrétienne de l'Ancien Testament

26.06.2005 Thème : Bible: ce que disent les textes Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz
n que je me sente tout à fait à ma place dans le christianisme, je ne peux
me contenter seulement d'une interprétation chrétienne de l'AT. Le passage entre
le Dieu de délivrance et de bénédiction comme celui de l'ancienne alliance et
le Dieu du Salut de la nouvelle n'est pas très clair pour moi.
-Est-ce qu'on peut donner à "délivrance"et "salut"
la même interprétation ?
-N'a-t-on pas trop insisté, dans la doctrine chrétienne, sur le salut en oubliant
la bénédiction ? Certaines paraboles parlent justement du Royaume de Dieu comme
de quelque chose qui est appelé à grandir et fructifier !
-Dans le dialogue interreligieux, est-ce que ce n'est pas plus facile d'entrer
en relation à partir de la bénédiction plutôt que d'un Sauveur bien spécifique ?
Merci pour les réponses.
J'ai soumis votre intéressante question à mon collègue, le pasteur Jean-Claude
Basset, un des initiateur du dialogue interreligieux dans nos églises. Voici
sa réponse:

Moi non plus je ne me sens pas à l'aise avec une interprétation exclusivement
chrétienne de l'Ancien Testament et je me réjouis de l'évolution actuelle qui
fait que l'on parle de la Bible hébraïque comme source commune que les juifs
lisent à la lumière du Talmud et les chrétiens à la lumière du Nouveau Testament.
En tant que prédicateur, je ne manque pas chaque fois que c'est possible de
me référer à des commentaires juifs aussi bien que chrétiens. Je trouve là deux
types de lectures qui s'enrichissent mutuellement, d'autant que la Bible hébraïque
est le témoignage d'un peuple enraciné dans une histoire plus que millénaire
alors que le Nouveau Testament est le témoignage des origines d'une petite communauté
qui n'a pas prise sur le monde politique qui l'entoure - situation qui a duré jusqu'à
la conversion de Constantin au début du IVe siècle.

C'est ce même enrichissement mutuel que je trouve dans la perception du Dieu
de Délivrance fondée sur l'expérience de la sortie d'Egypte et du Dieu de Salut
ancrée dans l'expérience des disciples au contact avec Jésus. Loin de s'opposer,
comme on a pu parfois le croire et le précher, les deux visions se complètent ainsi
que l'attestent les Psaumes qui associent constamment délivrance du peuple et
salut personnel du fidèle érpouvé, de même que la mort et la résurrection de
Jésus comprise dans nombre de passages du Nouveau Testament comme délivrance, rachat
ou rédemption. Vous mentionnez à juste titre la prédication du Royaume de Dieu
que l'on peut aussi traduire comme le règne ou la royauté de Dieu dont Jésus
dit qu'il s'est approché - au passé et non au futur - de ses interlocuteurs.
L'annonce du salut n'est pas une simple consolation pour l'au-delà mais une
bonne nouvelle qui transforme la vie dès maintenant: libérer les prisonniers,
rendre la vue aux aveugles, guérir les malades, restituer les opprimés dans
leurs droits, ce sont les paroles mêmes de Jésus directement reprises de la
Bible hébraïque!

Je vous rejoins entièrement lorsque vous dites qu'il est plus facile, et plus
fructueux, de partir de la bénédiction de Dieu, c'est-à-dire de la perception
d'un Dieu qui dit du bien et veut du bien à l'humanité, mais pourquoi opposer
cette approche à l'affirmation d'un Sauverur spécifique, du moins si spécifique
ne veut pas dire exclusif! Le fait que les chrétiens relient leur expérience
de la bénédiction de Dieu à la personne, à la vie et au message de Jésus de
Nazareth ne contredit pas le témoignage des juifs qui se réfèrent à la sortie d'Egypte
et au retour de l'exil à Babylone. Je ferai même un pas de plus en disant que
cet attachement des chrétiens à Jésus ne les empêchent pas de considérer que
les musulmans, les bouddhistes ou les humanistes ont eux aussi accès à la bénédiction
de Dieu au travers des traditions et des convictions qui sont les leurs! En
choisissant Israël d'abord puis Jésus, c'est le bien. le salut ou la délivrance
de l'humanité que Dieu a en vue, selon les voies qui sont les siennes.



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