Foi ou charité, laquelle prime?

rquoi l'apôtre Paul écrit-il que ce qui est le plus important aux yeux de
Dieu c'est la charité, l'amour fraternel, alors que nous les Protestants disons
toujours que c'est la foi, l'accueil de la grâce, qui doit primer. Historiquement,
je comprends pourquoi, car il y avait une dérive des bonnes oeuvres dans l'Eglise
de Rome, mais ne sommes nous pas tombés dans l'excès inverse ?
merci
Bonjour,

Il me semble que l'ensemble de l'Evangile ne nous demande pas de choisir entre
foi et charité pour établir une échelle de valeurs où ces deux "vertus" seraient
placées en concurrence! Non pas donc foi ou charité, mais foi et charité! Foi
et amour (et il faudrait encore ajouter la troisième "vertu théologale", l'espérance!)...
Il est vrai que les Réformateurs ont placé au centre de leur message l'importance
de la foi, entendue comme l'accueil de la Grâce, l'acceptation que nous sommes
aimés gratuitement, sans aucun mérite de notre part. Mais pour eux, ce n'est
nullement en opposition avec l'amour ou la charité : Au contraire l'accueil de l'Amour
divin nous permet d'aimer à notre tour, selon la parole de Jésus : "Aimez-vous
les uns les autres, comme je vous ai aimés"...Parce que nous expérimentons l'Amour
divin inconditionnel, nous pouvons à notre tour aimer autrui sans conditions...
Les réformateurs n'envisagent pas une foi (confiance - réception de la Grâce)
dissociée de l'amour (comme "fruit" de cette foi)!
La polémique n'était pas dirigée contre l'importance de l'amour, mais contre
une théologie du mérite...Où les "oeuvres" n'étaient plus le fruit naturel de
la foi... mais un élément nécessaire pour bénéficier de l'amour de Dieu, un
amour alors sous conditions! Il y avait là un aspect totalement vicié de notre relation
à Dieu!
Il est vrai que dans certains courants protestants, l'annonce de la "justification
par la Grâce seule au moyen de la foi" a été entendue comme une sorte d'oreiller
de paresse, "la grâce à bon marché" que dénonçait Bonhoeffer, là aussi il y
a un rapport à Dieu (et aux autres) vicié... Donc ne séparons pas ce que Dieu
a uni: foi, espérance et amour!