Que dire à quelqu'un qui a fait une tentative de suicide?

urai quelques questions à vous poser au sujet d'une problématique qui me
préoccupe ces temps(car un ami a fait une T.S); il s'agit du suicide chez les
jeunes et de la tentative de suicide (T.S).
-que pense "l'Eglise" de ceci?
-pourquoi certains "arrivent à se tuer" et d'autres, heureusement, s'en sortent?
(où est Dieu dans des événements pareils?)
-que faire, que dire à quelqu'un qui vient d'attenter à ses jours?
je sais que le thème est délicat mais j'espère que quelqu'un pourra, tout de
même, me répondre
merci d'avance
audinette
Chère Audinette,

Il est vrai que ce thème est délicat et qu'il évoque pour chacun de nous des
situations dramatiques; il nous remue, surtout lorsque nous avons vécu de telles
expériences et il faut alors se méfier de toute réponse trop rapide...D'abord,
avant toute "théorisation" et tout "intellectualisme", il vaut mieux laisser la place
à sa propre émotion et à ce que ce thème révèle de la fragilité de nos vies
humaines sur terre.
Puis, essayons quand même quelques pistes de réflexion: - Que pense l'Eglise?
Je ne pense pas que nous puissions poser ainsi la question. L'Eglise, en tant
qu'Institution, n'a pas à donner un jugement sur tout, à déclarer des principes
qui souvent ne rejoignent pas la souffrance des personnes. Je reformulerais ainsi:
Quelle pourrait être une parole d'évangile dans cette situation? Il y a bien
sûr le rappel que la vie, toute vie, notre vie est précieuse aux yeux de Dieu
(et donc aucune "justification" ou encore moins d'"apologie" du suicide), mais
aussi le rappel de l'infinie compassion de Dieu , sa douceur, qui ne saurait
condamner une personne dans la détresse (car la culpabilisation ne ferait que
renforcer cette détresse).
- Où est Dieu? Je ne crois pas qu'il est à chercher comme Celui qui jouerait
avec la vie de ses créatures à la manière d'un marionnetiste, plutôt comme cette
petite lumière d'espérance et cette fragile étincelle qui demeure malgré toutes
les souffrances (c'est pourquoi je ne peux répondre à ce pourquoi certains réussissent
et d'autres heureusement échouent, il me semble qu'une telle réponse est hors
de notre portée)
-Enfin, que dire et faire? D'abord comme je l'ai dit se laisser émouvoir, laisser
ses émotions sortir, ne pas avoir une parole froide et distante, se laisser
rejoindre par ce que cette tentative révèle de notre propre fragilité. Il me
semble que la pire des choses serait une parole ou un geste de pitié supérieure,
comme si l'on était totalement imperméable à la profonde souffrance d'autrui.
Le partage de nos fragilités est certainement la voie qui peut redonner un peu
de cette chaleur vraie...Peut-être aussi discrètement témoigner de ce qui nous
fait vivre, cette étincelle plus forte que toute détresse, pour que l'autre
puisse redécouvrir aussi cette étincelle en lui...Enfin, accepter son impuissance:
nous ne pouvons qu'être présents, être à l'écoute, mais pas "sauver" autrui; ce
n'est pas si facile à accepter..
Voilà quelques pistes, mais l'essentiel est de laisser parler votre coeur dans
cette situation...