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Ah ! ce sentiment d'impuissance …

murfy66 03.06.2008 Thème : Éthique: choix, responsabilité, liberté et morale Bookmark and Share
Réponse de : P. DurrenmattP. Durrenmatt

            D'abordje vous présente toutes mes excuses pour la réponse tardive. J'ai été débordéet je n'ai plus consulté ma boîte aux lettres !

            L'impuissance,c'est le sentiment le plus difficile à supporter surtout si l'on est proche despersonnes à qui l'on aimerait tant pourvoir donner un coup de pouce ! C'est quenous sommes alors confronté à nos limites, et, d'une certaine manière… remis ànotre place.

            Al'hôpital, où j'ai été aumônier pendant 13 années, ce sentiment était quasijournalier… c'est que la mort était souvent au rendez-vous. Aujourd'hui,confronté à des problèmes sociaux (requérants d'asile, personnes au chômagedepuis longtemps etc.), ce sentiment est tout aussi présent. Je crois quetoutes les situations de vie, dans la mesure où l'on est actif et que l'on nebaisse pas automatiquement les bras à la première occasion, ce sentimentd'impuissance apparaît. Peut-être joue-t-il un rôle analogue à celui de ladouleur: c'est un avertissement.

             Ilnous avertit que l'on ne peut pas vivre à la place de l'autre, parexemple ; que des situations ne dépendent pas entièrement de nous ;que des objectifs sont placés trop haut ou que des valeurs ne sont pas solides…

            Beaucoupde gens fuient ce sentiment d'impuissance ou se mettent en position dedénis : « mais non c'est pas si grave ! Tu verras, ça s'arrangera! »

            Maisque faire ?

            Personnellement,j'ai observé que les personnes elles-mêmes concernées par une situationdifficiles sont moins (ou autrement) désespérées que je l’étais en tant quetémoin ! C'est la magie de l'écoute : il ne faut pas toujours vouloirtrouver une solution, laissons la personne s'exprimer. En parlant, elle fait del'ordre dans son histoire … et trouve parfois des ressorts cachés et, ensemble,des idées viennent !

            Dansles évangiles, il y a cette scène poignante où Jésus, sentant la catastrophefinale s'approcher inéluctablement, prie instamment… « Que cette coupes'éloigne, si c'est possible… non pas comme je veux, mais comme toi (Dieu) tuveux ! »  Trois fois il doitréveiller ses disciples. La troisième fois, il les laisse dormir. Lui a trouvéla paix (il a lâché prise, comme l’on dit aujourd’hui) eux, impuissants, sesont endormis. 

            L'impuissanceprovient de ce que nous avons tendance à ne voir (ou à ne penser) que noir oublanc : je meurs ou je suis guéri ; je sort vainqueur ou je suisperdant ; je retrouve ma situation ou je sombre ! Mais la vie nefonctionne pas ainsi. Il n'y a jamais que 2 possibilités. Voici une petitehistoire :

            Dansle parc du jardin du roi (tout parsemé de petits cailloux noirs et blancs) unméchant seigneur puissant et riche propose, devant témoins, à une jeune etbelle fille, le marché suivant : « Je mets dans un vase ramasse unpetit caillou blanc et un autre noir. Si tu tires le caillou blanc, tu es libreet la dette de ton père est effacée. Mais s’il est noir, tu devras me marier etton père ira en prison ! » La jeune fille remarque cependant que l'ignoblemonsieur a mis deux cailloux noirs dans le vase ! Que peut-elle bien faire ?

            Ellese baisse, prend un petit caillou dans le vase et … maladroitement, le laissetomber par terre. « Oh ! que suis-je maladroite ! Mais cela ne fais rien,s'il reste un petit cailloux noir au fond du vase, c'est que j'aurai tiré le leblanc ! »

Amicalement,Pierre Dürrenmatt

 

 



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